Entre lineas y sin palabras / Entre les lignes sans paroles

La galerie Olivier Waltman est heureuse de présenter la première exposition personnelle de l’artiste cubaine Cristina Escobar, Entre les lignes sans paroles / Entre líneas y sin palabras, du 9 mars au 13 avril 2024 dans son espace du Marais.

Pour cette exposition, Cristina Escobar a conçu un projet qui interroge la mémoire -aussi bien collective et individuelle -, dans le droit-fil de son travail d’exploration des racines, de l’Histoire et plus particulièrement de l’exil.

Le terme de « lignes » évoque non seulement l’écriture et les récits des migrants qu’elle recueille depuis plus de dix ans, mais également les frontières, les paysages et les horizons lointains. Le mot « paroles », quant à lui, est à la fois le symbole du silence et celui des cris – une représentation du désespoir des plus démunis, privés d’un droit commun et humain : la liberté d’expression.

L’insularité tient une place centrale dans les recherches et les réflexions de Cristina Escobar, en lien manifeste avec son histoire personnelle. Il s’agit ici de révéler la complexité formelle, symbolique et profondément identitaire de notre place au sein du monde. L’exposition s’articule autour d’une imposante installation, L’ombre des choses, dont chaque élément symbolise le récit d’un exode récent. Un vaste ensemble de marbres bleus agrafés au mur, Nouvel Atlas de la Méditerranée, figure les frontières qui encadrent la mer Méditerranée, théâtre d’espoirs autant que de tragédies. Lui fera face Le Village Nègre, un grand ensemble conçu lors d’une résidence de l’artiste dans les Vosges, tournée sur l’histoire de la condition sociale et ouvrière des territoires aujourd’hui désertés par la modernité : 80 tuiles d’argile moulées sur les cuisses de femmes restées vivre à Thaon-les-Vosges et portant des phrases recueillies par l’artiste.

Ici, Cristina Escobar évoque l’effacement de toutes les frontières existantes et persistantes que nous connaissons aujourd’hui : qu’elles soient physiques, sociales, culturelles, visibles ou imperceptibles ; toutes donnent naissance à un espace de syncrétisme et d’universalité… Un espace commun d’humanité en partage.

Olivier Waltman
Paris, janvier 2024

 


POINT DE VUE


Diplômée de l’Académie d’art de Santiago de Cuba, Cristina Escobar développe une réflexion autour de la mémoire, l’identité et l’écriture. Son arrivée en France dans les années 2000 marque le début d’œuvres qu’elle conçoit comme des « objets-sculptures » : un ensemble subtilement construit à partir de matériaux bruts et d’objets glanés au fil de ses voyages, prémices de ses réflexions liées au temps, aux frontières et aux flux migratoires.

Du dessin à la sculpture, Cristina Escobar entremêle expérience personnelle et mémoire collective pour aborder des questions sociales et politiques. Ses recherches aboutissent à la mise en scène d’objets que l’artiste isole de leur contexte comme pour redessiner nos propres territoires et où l’on devine les problématiques de l’exil et de l’insularité.

Éminemment inspirée par les œuvres littéraires de Georges Perec et Virgilio Piñera qui évoquent les notions de mémoire et de disparition, Cristina Escobar propose une œuvre minimaliste fortement symbolique qui interroge le monde actuel et en extrait les points de résonance à l’aune de son vécu personnel.