POINT DE VUE


Quelque part aussi beau qu’ailleurs 

Avec ce nouvel ensemble de toile intitulé « Quelque part aussi beau qu’avant », Julien Graizely se livre plus que jamais à l’exercice de la figuration : telles des scènes de film en accéléré, il interroge le temps qui passe et qui nous échappe. L’artiste ne cherche aucunement à explorer un thème particulier : les idées se mêlent les unes aux autres au gré de son travail. La présence puis la disparition sont continuelles, telles des empreintes laissées sur un paysage ou dans les mémoires.

Julien Graizely travaille sa toile par effets de superposition des motifs et des matières : ajouter puis effacer et recommencer encore et encore. Parfois il ne reste presque plus rien sur sa toile – plus rien ? pas exactement. Ces couleurs vives et flamboyantes, entremêlées à des figures anonymes donnent une dimension éminemment narrative, toujours chargée de mystères et de non-dits. Ces paysages, plages et déserts chers à l’artiste sont des lieux paisibles où la lumière et les corps s’expriment, se croisent, s’échappent et se regardent.

L’artiste s’exprime sur le sujet de la couleur et nous confie : « Le jaune, toujours le jaune ? Pourquoi je choisis le jaune ? Qu’a-t-il à offrir ? Si cette couleur discrète est assez peu utilisée, Michel Pastoureau la considère comme la couleur de l’avenir et de la prospérité. Moi, avec le jaune, j’ai une envie plus grande de complètement lâcher prise. De laisser encore plus exister tout ce qui me passe par la tête. De ne pas hésiter à gâcher, abîmer, raturer, effacer, écrire et faire face. Souvent mes personnages étaient de dos ; là, ils regardent celui qui regarde. Ils lui parlent et lui écrivent. Ces bouts de phrases, ces jeux de mots ou ces titres de chanson sont normalement laissés sur les murs de l’atelier ou inscrits sur des bouts de papiers ; mais j’ai décidé que cette fois-ci, ils avaient leur place sur la toile. »

Olivier Waltman
Paris, février 2022

 


En attendant

« Que faire, que peindre après une année 2020 si particulière ? Pour sa quatrième exposition avec la galerie, Julien Graizely a voulu sonder, interroger un monde aussi figé qu’assombri et s’est demandé quelle réalité lui opposer au plan de sa pratique.

De ce temps suspendu, il a retenu la possibilité de la contemplation. Les vastes espaces naturels de la Charente qu’il habite, les forêts de pins des Landes qu’il arpente inlassablement ou les maisons du littoral atlantique ont posé le cadre de ce nouveau corpus d’œuvres.  Mais il s’est également replongé dans la lumière et les couleurs découvertes lors de sa résidence artistique à Miami l’année précédente. Tel un irrépressible élan vital, la palette tonique, contrastée, acidulée parfois, de la mythique cité floridienne vient animer le vide et le silence de ces paysages français. Elle insuffle une énergie à laquelle le geste de l‘artiste donne un mouvement puissant, tourmenté.

De ce résultat inattendu, Julien Graizely a extrait un ensemble de dix œuvres qui nous parle non seulement d’immobilité et d’attente mais également de force et d’espérance.

L’expressionnisme joyeux laisse une large place au motif : l’imaginaire s’y déploie et invite à une lecture presque romanesque. Par là-même, son travail réaffirme la capacité de la peinture à ouvrir un espace mental, sensible et vibrant, propre à chacun et riche de tous les possibles. »

Olivier Waltman

Paris, janvier 2021

 


Installé près de Royan, le spectacle du bord de mer l’été reste pour Julien Graizely une source d’inspiration inépuisable. Des personnages, croqués d’un trait rapide et sans souci du détail, s’adonnent aux joies de la plage sous un soleil aveuglant. A ce chapitre intitulé Surexposition, l’artiste en ajoute aujourd’hui un nouveau sur New York où il se rend régulièrement depuis deux ans. Par de larges traits noirs et rapides il représente la densité, la frénésie et le dynamisme de la ville alors que de longues coulures prolongent les hauts buildings dont il ne dessine que les silhouettes.

Julien Graizely travaille aujourd’hui sur papier. Il explore, se joue de l’espace, du temps, des savoirs qu’il maîtrise et détourne par une gestuelle vive et libre. De sa peinture pleine à ses dessins légers au trait infini, reste le contraste, la lumière, la vibration.
Contraste des traits. Un trait graphique, maîtrisé, des silhouettes esquissées au plomb, vides mais vibrantes, des instants superposés. Et puis, l’impulsion du geste : le gribouillage qui efface, la griffure qui cache ou remplit, ce trait noir épais et puissant qui remplace la-tête-qui-pense.
Contraste des mondes. Sans chercher à porter un message net, ses mondes s’affrontent : celui qui veut et qui pense, celui du guerrier et du monde qui est, ce monde qui mange et se baigne, s’affale ou dégouline. Julien Graizely superpose et contre-emploie.
C’est le jouet qui tire, l’aigle qui attend le bus et la chaise qu’on prend sur les genoux.

Julien Graizely, né dans les Ardennes en 1980, a beaucoup sillonné les villes françaises au gré de ses formations (ferronnerie d’art à Avignon, communication visuelle à Royan, Ecole Boulle à Paris après avoir obtenu le prix du travail et des apprentis en 2001). C’est tout d’abord à Paris que lui vient l’inspiration. Il vit et travaille aujourd’hui à Chérac près de Royan.