POINT DE VUE


Four Seasons – 2021

« Dans cette exposition, je veux aborder la peinture en plein air ; comment le paysage va au-delà de sa représentation et de son imaginaire. Je crois que l’œuvre est un fidèle témoin de tout ce qui l’entoure et l’engendre. La série Anges évoque cela : j’ai voulu que chaque œuvre soit chargée d’air et de lumière, en définitive chargée du paysage où chacune d’elle est née.

Four Seasons est un exemple de peintures qui cherchent à s’articuler de manière à investir et devenir elles-mêmes le mur. Conceptuellement la série pourrait s’étendre à l’infini ».

Xavier Escribà

Figure importante de la scène contemporaine catalane, Xavier Escribà développe depuis 30 ans une oeuvre singulière qui interroge le rapport entre le geste artistique et la matérialité du support. Dans une veine qui convoque parfois certains codes du mouvement Supports-Surfaces, l’artiste cherche à redéfinir le concept de « tableau », dès lors qu’on l’affranchit de la structure physique qu’on lui connaît traditionnellement. Partant de ce concept, ses créations sont bien souvent plus à envisager comme des sculptures murales voire des installations.

Son travail présente fréquemment et de manière très caractéristique des pièces qui comportent autant de couches de peinture que l’âge de l’artiste. Ce geste lui permet métaphoriquement de « repasser » par des époques de jeunesse pour mieux célébrer le temps dans lequel il se trouve. C’est tout autant une manière d’être conscient de tout ce qu’il a vécu jusque-là qu’une injonction à un présent porteur de nombreux futurs possibles.

Sa recherche picturale reflète un travail engagé qui tente de donner voix à tous les chemins en peinture et de s’éloigner de la discrimination ou de l’idée préconçue.

Olivier Waltman
Paris, mars 2022

 


« Les œuvres de Xavier Escribà donnent à la peinture une vérité qui l’élève de l’état de medium à celui de représentation. Cet aspect est essentiel dans la vision de l’artiste : une exploration, une immersion aux confins de la couleur, envisagée comme un territoire en soi. Les couches de couleurs réveillent une mémoire du temps. Elles invitent à écrire de nouvelles histoires qui trouvent leurs origines dans les profondeurs telluriques et aspirent aux horizons les plus métaphysiques. Tel un démiurge qui saisit la lumière et la reconstruit avec des couleurs, il choisit de renoncer au châssis et les laisse devenir espace, volume, présence…
Xavier Escribà livre une vision post-moderne de la peinture qui la détache de toute dimension narrative et lui donne une nouvelle liberté. Plongeons dans une poétique vibrante et visuelle qui parle autrement de la couleur, en dehors des références habituelles. »

Pilar Giró
Historienne de l’art et commissaire d’exposition
Barcelone, 2019


ARTIST STATEMENT


Le Manifeste

« Normalement je peins autant de couches que mon âge, une sorte d’hommage à la quête de la bonne image en peinture.

J’aime bien que ce processus de création de la matière picturale soit lent, très lent de façon que tout au long de cette révision du parcours biographique, se cumule et facilite à fur et au mesure l’envie et le besoin d’affronter l’existence de la dernière version acceptée de l’œuvre picturale.

Néanmoins il y a des fois où il y a juste l’envie de peindre, de vivre avec la peinture, sans fin… sans vouloir/pouvoir affronter sa dernière version officielle et définitive. Dans ces cas-là je cumule des matières picturales, des dizaines de parcours vitaux «en attente».

 Et c’est ce qui est arrivé avec « Le Manifeste » qui est devenu un cumul d’expériences qui n’ont pas voulu exister sous la forme de vision bidimensionnel  propre à la peinture mais de présence en trois dimensions. C’est une œuvre majeure et fétiche qui m’a permis de donner issue à l’autre aspect que peut prendre une démarche strictement picturale : une œuvre qui invite à avoir une approche plus proche de la présence sensorielle que de la vision traditionnelle d’une peinture. »

Xavier Escribà
Barcelone, 2018